Precious corals, C. rubrum, P. elatius, C. japonicum, C. konojoi, H. laauense, Coll. SGDF, Photograph M.Rondeau
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Révision et mise à jour de la classification des coraux précieux

Introduction

Le "corail précieux" est un terme général utilisé pour décrire les espèces de coraux naturels (avec endosquelette minéral) utilisées dans l'industrie de la bijouterie. Ils sont très appréciés et recherchés pour leurs propriétés physiques (résistance, brillance, maniabilité) et  leurs couleurs vives allant du rouge profond à l'orange et aux variations de rose, rose-orangé et blanc. Bien qu'ils partagent le nom de "corail précieux", ils ont tous leur propre taxon dans le système de classification des organismes vivants.

Rappelons qu'un taxon est un groupe d'êtres vivants présentant des caractéristiques communes (dues à leur parenté), considéré par les taxonomistes comme formant une unité. Cela permet de classer les individus.

En biologie, les "coraux précieux" appartiennent à l'embranchement des Cnidaires (Hatschek, 1888), à la sous-classe des Octocoralliaires (Haeckel, 1866) et à la famille des Coralliidés (Lamouroux, 1812).

Dans cette famille, qui comprend 43 espèces valides réparties en 3 genres (Tu et al., 2015), 8 espèces sont connues pour être récoltées en vue d'une utilisation en bijouterie et sont donc appelées "corail précieux".

 

Discussion

En ce qui concerne leur classification, de nombreuses mises à jour et suggestions ont été enregistrées et approuvées au fil des années. La classification traditionnelle qui reste la plus utilisée par les professionnels et le grand public est celle introduite par van Ofwegen en 2004.

Elle indique que la famille des Coralliidae est divisée en deux genres : Corallium (Bourne, 1900) et Paracorallium (Bayer et Cairns, 2003).

Cependant, à la lumière d'études récentes sur les marqueurs mitochondriaux, mitogénomiques et nucléaires ainsi que sur les caractéristiques morphologiques (Ardila et al., 2012 ; Figueroa et Baco 2014 ; Tu et al., 2015 ; Tu et al., 2016 ; Uda et al., 2013), le genre Paracorallium n'est plus considéré comme un taxon valide car toutes ses espèces sont imbriquées dans le genre Corallium, Paracorallium étant ainsi subsumé dans Corallium (Ardila et al., 2012). Notons qu'en philosophie scolastique, rapporter, c'est référer un individu à une espèce ; rapporter, c'est référer une espèce à un genre.

La nouvelle classification (Tu et al., 2016) des Coralliidae divise la famille en trois genres : Corallium, Hemicorallium, et rétablit Pleurocorallium (Gray, 1867), voir (Ardila et al., 2012 ; Figueroa et Baco 2014 ; Tu et al., 2015 ; Tu et al., 2016).

Le statut accepté des espèces utilisées en joaillerie selon la nouvelle classification est le suivant :

The accepted status of species used in jewellery

Il convient de noter qu'une partie du P. elatius pêché dans la province chinoise de Taïwan pour le commerce des bijoux pourrait contenir une espèce récemment découverte, P. carusrubrum (Tu et al., 2012) (figure 1), car il a été signalé qu'elle circulait en tant que corail rose (Jeng, 2015) .

Holotype of:  Corallium carusrubrum n. sp., ASIZ0000960:  (A) "front" of the colony; (B) close-up of the cortical mounds; (C) "back" of the colony; (D) EM image of the cortex - the pore is the opening of a solenian canal. After (Tu T. et al., 2012)

Fig. 1 : Holotype de : Corallium carusrubrum n. sp., ASIZ0000960 : (A) "avant" de la colonie;(B) gros plan des monticules corticaux;(C) "arrière" de la colonie;(D) image EM du cortex - le pore est l'ouverture d'un canal solénien. D'après Tu et al., 2012.

Suite à cette découverte, une nouvelle étude génétique (Tu et al., 2015) indique que les frontières entre trois espèces des eaux asiatiques (P. carusrubrum, P. elatius et P. konojoi) sont ambiguës et devraient être regroupées et désignées sous le nom de " Pleurocorallium elatius complex " (Tu et al., 2015) (Figure 2).

Fig. 2 -  Hue variations of the corals of the P. elatius complex. Coll. SGDF, Photo M. Rondeau.

Fig. 2 -  Variations de teinte des coraux du complexe P. elatiusColl. SGDF, Photo M. Rondeau.

 

Conclusion

Afin de ne pas créer de confusion dans le commerce ou les coutumes, et de respecter la nouvelle classification (Tu, et al., 2012), GGTL Laboratories Switzerland publiera des rapports sur les coraux mentionnant la classification traditionnelle de Van Ofwegen ainsi que le "type" de corail du "P. elatius species-complex" de Tu, Dai et Jeng.

coral “type” of the “P. elatius species-complex” of Tu, Dai and Jeng.

 

Bibliographie

  • Ardila, N. E., Giribet, G., & Sanchez, J. A. (2012). A time-calibrated molecular phylogeny of the precious corals: reconciling discrepancies in the taxonomic classification and insights into their evolutionary history. BMC Evolutionary Biology, 12(1), 246.
  • Figueroa, D. F., & Baco, A. R. (2014). Complete mitochondrial genomes elucidate phylogenetic relationships of the deep-sea octocoral families Coralliidae and Paragorgiidae. Deep Sea Research Part II: Topical Studies in Oceanography, 99, 83-91.
  • Jeng, M-S. (2014). The sustainable use of precious corals. Final report on International Symposium on Pacific Precious Corals 2014. Taipei, Taiwan POC.
  • Tu, T. H., Dai, C. F., & Jeng, M. S. (2012). Precious corals (Octocorallia: Coralliidae) from the northern West Pacific region with descriptions of two new species. Zootaxa, 3395(1), 1-17.
  • Tu, T. H., Dai, C. F., & Jeng, M. S. (2015). Phylogeny and systematics of deep-sea precious corals (Anthozoa: Octocorallia: Coralliidae). Molecular phylogenetics and evolution, 84, 173-184.
  • Tu, T. H., Dai, C. F., & Jeng, M. S. (2016). Taxonomic revision of Coralliidae with descriptions of new species from New Caledonia and the Hawaiian Archipelago. Marine Biology Research, 12(10), 1003-1038.
  • Uda, K., Komeda, Y., Fujita, T., Iwasaki, N., Bavestrello, G., Giovine, M., ... & Suzuki, T. (2013). Complete mitochondrial genomes of the Japanese pink coral (Corallium elatius) and the Mediterranean red coral (Corallium rubrum): a reevaluation of the phylogeny of the family Coralliidae based on molecular data. Comparative Biochemistry and Physiology Part D: Genomics and Proteomics, 8(3), 209-219.

 

references taxonomiques

 

Auteurs:

 

© GGTL Laboratories Research Note.